lundi 19 mars 2012

Fétichisme sur le Balcon


De faire un pas
Qui fait long feu
Faire ce pas
Un tout petit peu
  
C'est très facile
De faire un peu
D'un pas ou deux 
Et de se suivre

De pas le faire 
Et de courir
Après ce pas
qu'on manque de peu

On se ment un peu 
avec ce manque de peu
Un pas deux pas
Ou pas de Deux

Et patatras voilà le creux






Sur le pavé
Pas cadencés
Pas décidés
Au pas de course

Dans le gymnase
Vrais kamikazes
Ils jouent Pégase
Ou bien le Chat

Penchés sur le coté
L'un l'autre bien attachés
Je vous parle de pieds
Dans des paumes dorées

A qui je parle  ?
A Mes pieds qui


Au métro
Préfèrent les pôles
Pieds effleurés
Des amours folles



  










lundi 30 janvier 2012

Magnet-isé

Dark Passenger In times of troubles - it's not a Tranquilizer Delirium They are (not) after you . These Phantom will be a Magnet for Hope . But in Wahnfried , the Rotten genius of Wagner is safe. At The End Only the paranoid will survive .




     L'apparence - ce qui est entendu et vu par autrui et par nous-même - constitue la réalité. Sans se contredire, n'importe qui ne verra rien de phénoménal dans telle affirmation. 
Derrière cette apparence, se meuvent comme des ombres l'ensemble de ce qui constitue l'intimité,  sentiments,  passions, désirs, qui constituent à leur tour l'individu. 
     Mais pour que cet ensemble passe de l'ombre à la lumière, ( facile ) , il faut lui donner corps, réalité, donc : apparence, publicité.
Cette présence des autres qui voient ce que je vois, entendent ce que j'entends, m'assure du réel de ce qui m'entoure, de moi. 
   
     Si l'on peut affirmer une chose de la société dans laquelle nous vivons, c'est qu'elle donne une place primordiale à la vie privée, qu'elle développe et protège. 
Si l'intimité qui y réside n'a donc de cesse de s'intensifier pour se vivre pleinement, élargissant en nombre et gamme sentiments et émotions, ce foisonnement et cette massification ne peuvent entraîner qu'une incertitude croissante sur la réalité: le monde, les hommes, moi. 

     Dans ce développement de la vie privée, de l'individu, au détriment du public, la première victime est donc le monde lui-même, passé d'un statut public, commun, à quelque chose que l'on possède, que l'on doit s'approprier.

     Le monde, consensuel et commun, était rassembleur. Désormais, il est cette 

" étrange situation qui évoque une séance de spiritisme au cours de laquelle les adeptes, victimes d'un tour de magie, verraient leur table soudain disparaître, les personnes assises les unes en face des autres n'étant plus séparées, mais n'étant plus reliées non plus, par quoi que ce soit de tangible"
 Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne

      Ce que l'on exige de la réalité, est pourtant précisément son intangibilité, puisque c'est celle-là même qui la fait exister, pour ceux ( nous ) qu'elle lie. 

Or notre actualité se situe dans le lieu de ce hiatus. 
      Double paradoxe: D'une part, l'intensification de l'intimité devait rendre chacun toujours plus singulier : jamais société plus conformiste n'a existé - et d'autre part, ce conformisme devait exprimer le consensus qu'appelle la reconnaissance de la réalité. Pourtant, de l'incertitude individuelle naît une incertitude collective: le réel nous échappe. 

      Tout comme le paranoïaque, traité par le psychiatre, est enfermé dans un système construit par lui, contre lui, où tous les phénomènes sont sujets à une interprétation conforme au système, 
L'individu , traité par la société, est enfermé dans son système de représentations, hors duquel, fou, le réel n'a plus rien de réel n'étant plus partagé. Bilan: Le comportement remplace l'action, le réel est vrai, la raison est celle de tous.




       Si la perception de la réalité est un sujet particulièrement important, le pouvoir des médias grandissant, la surveillance s'étendant ( Big Brother et Claude Guéant main dans la main ), les théories du complot ayant bon dos, et donc si le rapport à la paranoïa, qu'elle soit individuelle ou collective, spontanée ou orchestrée, l'est aussi, Oliver Huntemann, dont certains penseront qu'il n'a rien à faire ici, dj et producteur international de Techno, a pondu un chef d'oeuvre au mois de Novembre 2011, précisément intitulé: Paranoïa [Magnet  + pochette ci-dessus ]

        Lui a trouvé une solution : à la fin, le paranoïaque n'est plus cette éternelle victime dans la solitude de son enfermement. En poussant la porte de 'son' Wahrein, le réel, c'est tout juste si on lui prête encore attention: vos désirs et sentiments ne sont plus que d'être un flux sonore disponible. 

 Only the paranoïd will survive  dans cette ir-réalité qu'Huntemann crée, comme avec des doigts de fée. 


Pour ceux qui veulent - changer d'air c'est peu dire - une autre Vision - c'est le cas de le dire - ça se passe le 12 Février à Marseille !



vendredi 9 décembre 2011

Incandescence

         Il existe une commune déception liée à la nature même de l'attente. Faites un essai: vous attendez le bus, train, taxi, peu importe, en l'attendant, vous lui donnez déjà vie, l'anticipant. Vous imaginez. Vous l'imaginez jaillir d'un moment à l'autre de ce virage, guettant sa masse, sa forme, sa couleur. Selon la ligne desservie, vous pourriez même prévoir son modèle, imaginer sa silhouette. Dans le flot continu et indifférencié du boulevard, je n'identifie pas systématiquement pour savoir qu'il n'est pas celui que j'attends. Sa masse et hauteur verte surplombant le toit des voitures, j'attends du bus une rapidité, une régularité, une puissance. Mais à peine se laisse-t-il deviner, déjà l'intensité de mon imagination se relâche en l’apercevant enlisé dans la circulation, les vitres taguées, le côté gauche enfoncé.

                                                       Il en est des bus comme des femmes.

         Vous attendez maintenant la femme qui vous a donné rendez-vous. Dans une transe d'éblouissement, de lubricité, de dévotion. Vous êtes dans la plus bruyante place, à l'heure la plus peuplée, dans la plus grande ville du monde, vous n'y voyez qu'une scène vide où vous guettez qu'Elle fasse son entrée. Vous cristallisez sur elle toute l'intensité de votre imagination. Déjà vous pressentez que lorsqu'elle arrivera, tout sera plus léger, fuyant, inutile et débordant à la fois, entraînant, primordial, plein d'allégresse. La voici. Elle est en retard, a couru, elle a chaud et les mains moites,  son maquillage se décompose, elle a la migraine et des ampoules aux pieds. Vous êtes désormais à la plus proche pharmacie, feignant d'ignorer la saleté du café d'à côté, la pollution et le vacarme environnant.

                                            La tyrannie du particulier a humilié votre présent.

          L'argument semble irréfutable, la conscience imagine anticipe toujours, et lorsque la réalité advient, elle est toujours en deçà des scénarios, des plans, des scènes que nous nous étions jouées. Le présent se joue de nous.

J'ai la chance d'avoir, un jour, attendu un bus, dans la plus bruyante des places, à l'heure la plus peuplée, dans la plus grande ville du monde. Je ne voyais plus personne et n'entendais rien. Je l'imaginais tel qu'il m'était déjà apparu: les yeux clairs et la peau fine, le sourire qui rayonne et la joie qui transpire, un mystère bien entretenu mais sans tragédie, la légèreté et l'allégresse. Tout semblait se passer comme plus haut me direz-vous, et vous n'auriez pas tort.

Sauf que cette fois là, le bus, si frêle fut-il, aux biceps qui ne nourriraient pas le plus affamé, fut plus fort, plus puissant que tous ceux qui l'avaient précédé et que ceux qui suivraient.

L'originaire et constante déception a disparu. Elle, elle seule, avait joué un tour a cet ignoble, le Temps, Elle avait tout suspendu, avait tout réuni: vrai et faux, vie et mort, passé et futur, tout en haut et tout en bas, Elle, elle seule, avait réussi: Ivresse, plénitude, effusive confusion d'un sentiment primordial. Dans le langage courant, on, un instant génie, dit: je l'ai attendue, imaginant son sourire, et lorsqu'elle est arrivée, elle dépassait toute l'imagination dont j'étais capable, c’était la plus belle chose que j'ai vue de ma vie.



Lorsque le bus arrive, on y monte, c'est affaire de secondes. Quasi instantanément, nous sommes à autre chose, le bus n'a plus d'importance, voilà l'étrangeté des voyageurs et le paysage qui défile...

Sagesse ou regret, ce bus dont je vous parle, je n'y suis jamais monté. C'est comme s'il m'avait emmené.



Entrés dans La Pièce comme qui chuchote, l'on trébuche, entorse des coeurs, se demandant toujours: qui pour moi rayonner encore ?